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Photo du rédacteurCOCKPIT

L'histoire de la production de Renault au Québec

L'histoire commence dans les années fin 60', quand le Général de Gaulle, farouche défenseur d’une France indépendante, mais aussi puissance mondiale, il dotera le pays de l’arme nucléaire, se retirera de l’OTAN en 1965, et tenta de proposer une « troisième voie » entre les deux géants américains et soviétiques. Si cette position ne favorisait pas les constructeurs français aux Etats-Unis, il en était tout autre au Canada, du moins au Québec. Car depuis 1960, Jean Lesage, du parti Libéral du Québec, dirige la province avec la ferme intention de rendre le pouvoir économique aux Francophones, qui ne détiennent alors que 7 % des entreprises.

Ceci donnera naissance à une entente entre le gouvernement québécois, la Régie Renault et l’État français, pour la création de la nouvelle usine d’assemblage S.O.M.A.(Société de Montage Automobile)au Québec.

Le 20 novembre 1964, un accord est signé : la SGF financera à hauteur de 3,5 millions de dollars une usine à Saint-Bruno, la Société de Montage Automobile (Soma), qui se chargera de monter en CKD des modèles Renault. Charge ensuite à Renault Canada Ltd de revendre les modèles sur le marché canadien.

La S.O.M.A. ouvre ses portes le 15 février 1965 à Saint-Bruno-de-Montarville. L’usine devait assembler les Renault Dauphine, R8, R10 et R12 mais aussi des Peugeot 404 et 204. Mais finalement seules les Renault 8, 12 et 16 et la Peugeot 404 (1 an de production) y furent assemblées, ainsi que des pièces de carrosserie pour la R5 en normes CA/US.



Une histoire brève et tourmentée...


Malheureusement, l’optimisme du départ sur l‘avenir de l’usine fut bref. Les ventes attendues pour ces automobiles ne furent jamais au rendez-vous. D’une part, les québécois n’étaient pas encore disposés à acheter des véhicules de si petites tailles et qui de surcroît étaient mal adaptés à nos hivers. L‘usine fut aussi en proie à de nombreux conflits de travail et ses dirigeants accusés de mauvaise gestion.

L’usine accuse rapidement d’importantes pertes financière et les relations se détériorent entre le gouvernement québécois et Renault, chacun accusant l’autre de ne pas respecter sa part du contrat. Des années plus tard on apprendra que les dirigeants de Renault ne croyaient pas au projet et que c’est le gouvernement français de Charles De Gaulle qui leur aurait forcé la main. Renault, dès le début des années 70, voulait se défaire de cet accord, entre autres car produire des Renault au Canada coûtait entre 150$ et 200$ de plus par véhicule que d’importer ses véhicules d’Europe.

Il y eut un premier arrêt de production en 1972 pour reprendre en 1973 avec de grands espoirs pour la Renault 12. Peine perdue, l’usine, dont les capacités atteignaient 15 000 véhicules annuellement, n’atteindra jamais ce chiffre. La S.O.M.A. chercha des partenaires pour rentabiliser l’usine, notamment japonais, mais tous déclinèrent l’offre. L’usine ferma définitivement en 1974. C’en était fini de l’aventure industrielle de Renault (et Peugeot) au Québec. L’usine est reconvertie dans la pétrochimie.

Après l’arrêt de la production de voitures au Canada, Renault a continué à y exporter des voitures. L’offre de modèles était même plus importante qu’aux États-Unis. À travers les années, les Renault 4CV, Dauphine, Caravelle, Estafette, R4, R8, R10, R12, R15, R16, R17, R5, R18, 30 TS, Fuego, Allliance, Encore et Medaillon furent vendues au Canada. Aujourd’hui, les modèles produits par la S.O.M.A. toujours existants sont devenus rarissimes. Il reste 4 R16 roulantes aujourd’hui au Québec !




Les ventes de Renault au Canada, entre 1960 et 1985, selon M.C. Fertey (employé de Renault Canada Limitée à l'époque) :

  • 4CV 377

  • Dauphine 13.372

  • Caravelle 2.317

  • Caravelle Automatique 17

  • Estafette 452

  • R4 2.538

  • R4 Fourgonette 490

  • R8 4 vitesses 10.435

  • R8 Automatique 3.708

  • R8 S 514

  • R8 Gordini 125

  • R10 13.422

  • R10 Automatique 6.873

  • R16 L 1.756

  • R16 TL/GL 6.467

  • R16 TA 2.612

  • R16 TS 1.348

  • R12 base 1.477

  • R12 L 3.935

  • R12 TL/GTL 10.270

  • R12 L Automatique 1.731

  • R12 TL Automatique 2.004

  • R12 Station Wagon 4.029

  • R12 Station Wagon Automatique 1.300

  • R15 4 vitesses 2.457

  • R15 Automatique 699

  • R17 TL 184

  • R17 TL découvrable 266

  • R17 Gordini 642

  • R17 Gordini découvrable 307

  • R5 L 522

  • R5 TL/GTL 58.179

  • R18 7.454

  • R30 TS 426

  • Fuego 6.350

  • Alliance 38.518

  • Encore 16.671




La Manic une autre histoire au Québec, mais toujours avec un goût de Renault


Ce n'est pas la seule aventure du Québec avec l'automobile, puisqu'on y construisait aussi la Manic GT, un coupé sport avec carrosserie en fibre de verre construite par Automobiles Manic. Basée justement sur un châssis de Renault 8, la voiture était le projet de l’entrepreneur Jacques About, ex-employé de Renault Canada. Sa présentation dans les salons et expositions en 1969 et 1970 suscitèrent un réel engouement, mais les problèmes d’approvisionnement et de trésorerie ont mis rapidement fin à ce rêve d’une voiture québécoise. Une autre histoire qui s'arrêtera précipitamment.